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Constantinople de Byzance à Stamboul

9781465664273
213 pages
Library of Alexandria
Overview
On a beaucoup écrit sur Constantinople: des livres brillants, exquis parfois, le plus souvent un peu sommaires, et des ouvrages d’érudition austère, peu accessibles, souvent rebutants pour les profanes. Le livre de Djelal Essad bey tient le milieu entre ces deux sortes d’ouvrages. C’est ce qui fait son intérêt, son utilité et, en une certaine manière, sa nouveauté. Djelal Essad bey n’est point un savant de profession. Né d’une grande famille musulmane, il a commencé sa carrière dans l’armée; mais il avait dès ce moment le goût des études d’art, la curiosité des monuments du passé. Dessinateur élégant, architecte habile, il fut chargé, à ce titre, de préparer, pour l’Exposition de Saint-Louis, les plans du pavillon ottoman. La révolution de 1908 lui permit de se donner plus pleinement encore aux choses intellectuelles. Il dirige aujourd’hui, à Constantinople, le journal le Kalem. Mais si Djelal Essad bey ne prétend pas à être un érudit professionnel, il est, du moins, fort exactement informé de l’érudition d’autrui. Son livre est une mise au point tout à fait intelligente et instructive des résultats essentiels auxquels, depuis cinquante ans, la science est parvenue dans le domaine des choses de Byzance. Et, sans doute, on pourra regretter que l’auteur, né musulman, n’ait point mis davantage à profit, pour des recherches vraiment personnelles, les facilités qu’il eût trouvées à étudier de près et à fond certains monuments souvent malaisément accessibles à d’autres. C’eût été, par exemple, une tâche singulièrement intéressante de relever, dans le dédale des maisons turques qui avoisinent la mosquée d’Ahmed, ce qui peut subsister encore des ruines du grand palais impérial, et il eût valu la peine, ne fût-ce que par quelques sondages, d’entreprendre quelques-unes des fouilles que Djelal Essad bey signale en passant à notre attention. Mais ce n’était point là l’objet que se proposait l’auteur. Résumer exactement, classer ingénieusement les informations scientifiques relatives à l’antique Byzance,—dresser, plus complètement que ne l’avait fait Mordtmann, la carte monumentale de l’ancienne capitale des basileis,—la faire revivre enfin à nos yeux dans son pittoresque détail et son infinie variété, voilà ce que Djelal Essad bey a voulu faire, et ce qu’il a fait non sans succès. Assurément—et l’auteur le sait aussi bien que moi—il subsiste dans ce livre certaines imperfections, certaines inexpériences, quelques lacunes et quelques erreurs, et on sera tenté, en Occident, de sourire de certaines préoccupations d’un nationalisme un peu bien ardent. Il n’importe. En toute sincérité, on peut et on doit dire que Djelal Essad bey a réussi dans la tâche qu’il s’était donnée. Sans doute, le spécialiste retrouvera dans son livre bien des choses qu’il sait déjà; mais les lecteurs moins initiés—et c’est la majorité, je pense—y apprendront infiniment sur la topographie si difficile et sur les monuments de l’antique Byzance.