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Les mains propres: Essai d'éducation sans dogme

9781465682024
213 pages
Library of Alexandria
Overview
Quand on se lance, hors de la grande route, hors des chemins battus, possède-t-on une indication générale sur la direction à suivre ? La vie humaine a-t-elle une tendance ? Car cette tendance devrait nous guider. Nous devrions marcher dans son sens. Oh ! Il ne s’agit pas de rechercher le destin final de l’homme. A ce sujet, disons-nous simplement que cette planète mourra comme les autres. Il s’agit de savoir s’il existe une aspiration commune à tous les êtres depuis qu’ils respirent sur la terre, un signe indicateur de la vie. Hélas ! La plupart des humains ne se posent même pas la question. Ils naissent, subsistent, meurent, sans avoir pris conscience de ce qu’ils ont tenté de réaliser pendant leur vie. Et pourtant, cette tendance existe. Voyez une rue fréquentée, vers le soir. Tous les passants courent, se hâtent, se pressent. Or, si les buts sont différents, le mobile est unique. Obéissant tout droit à leur instinct débridé ou tenus en lisière par le devoir, cherchant l’utile ou l’agréable, la hautaine volupté du sacrifice ou le bas plaisir, regardant le ciel ou la terre, tous aspirent à réaliser leur désir, tous vont vers leur satisfaction. Oui, tous, malgré des apparences contraires, malgré de déconcertants détours, tous veulent leur bonheur. C’est l’instinct primordial de toute existence. On le surprend chez le plus infime animalcule dans le champ du microscope. Il fuit la peine et cherche la joie, c’est-à-dire qu’il fuit le milieu où il souffre et cherche le milieu où il se plaît. En quoi il obéit bien à la loi de la vie: car la joie est de la vie accrue, plus intense et plus ardente ; et la douleur est de la vie diminuée, l’acheminement vers la mort. Mais qu’est-ce donc que le bonheur ? Ce serait folie d’en donner une définition applicable à tous les humains, puisque ce milliard et demi d’êtres sont différents les uns des autres, puisqu’il n’y a pas deux visages — ni sans doute deux cerveaux — identiquement semblables. Il y a autant de bonheurs que d’individus. Mais peu importe qu’on demande ces joies au pouvoir, aux honneurs, à l’art, aux voyages, aux plaisirs de la table ou de l’amour, à la conscience de la tâche accomplie, aux sereines recherches du laboratoire, aux élans de l’altruisme, aux félicités du propriétaire, du collectionneur, à de modestes travaux manuels, même aux émotions de la chasse ou de la pêche. Tous ces bonheurs ont des traits communs. Ils donnent à l’être sa satisfaction, le sens de la plénitude. Ils portent la vie à sa plus haute tension.