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Les républiques de l'Amérique du Sud: Leurs guerres et leur projet de fédération

9781465681386
213 pages
Library of Alexandria
Overview
Au point de vue purement géographique, la plus grande partie de l’Amérique du Sud est admirablement disposée pour être habitée par des peuples unis. Ce continent, plus simple encore dans son architecture que ne l’est l’Amérique du Nord, elle-même si remarquable par son caractère d’unité, peut être considéré dans son ensemble comme une longue série de montagnes et de plateaux se dressant parallèlement au Pacifique et s’affaissant par degrés à l’est pour former une immense plaine doucement inclinée. Si l’Amérique méridionale ressemble à l’Afrique par ses contours généraux, elle en diffère singulièrement par la structure interne et l’harmonie parfaite de toutes ses parties. Tandis que la plupart des contrées du littoral africain sont complétement isolées les unes des autres et forment autant de territoires distincts à cause des solitudes et des terres inconnues qui les séparent, le seul aspect de la carte montre que les divers pays de l’Amérique du Sud, appuyés sur la grande épine dorsale des Andes, arrosés par les tributaires des mêmes fleuves, sont dans une intime dépendance mutuelle: comparables aux perles d’un collier, ils constituent par leur union un ensemble géographique de la plus frappante simplicité. A l’exception des contrées orientales, peuplées par une nation d’origine portugaise, et de la zone marécageuse des Guyanes, où se sont installés quelques milliers de planteurs anglais, français et hollandais, toute l’Amérique du Sud,—c’est-à-dire les régions andines et les grandes plaines fluviales,—est habitée par des hommes de races mélangées formant de leurs élémens épars une nouvelle race de plus en plus homogène. Les colons des diverses parties de l’Espagne, qui pendant trois siècles ont été presque les seuls Européens du continent, se sont partout alliés aux Indiennes, et de ces croisemens est née une population nouvelle qui tient à la fois de l’Espagnol par son intelligence, son courage, sa sobriété, et de l’aborigène par sa force passive, sa ténacité, sa douceur naturelle. Même dans les pays où les Espagnols se disent purs d’origine, comme au Chili et sur les plateaux grenadins, un mélange s’est opéré entre les conquérans et les familles des vaincus, et les Chiliens peuvent en conséquence se dire aussi bien les fils des Araucans que ceux des compagnons d’Almagro. Non-seulement les aborigènes sont ainsi entrés d’une manière indirecte dans la grande famille des nations latines; mais en outre la plupart des tribus sauvages se sont peu à peu groupées autour de la population créole. Elles en ont adopté partiellement les mœurs, et par leur fraternité d’armes durant la guerre de l’indépendance sont devenues un seul et même peuple avec leurs oppresseurs d’autrefois. Sur les côtes, un petit nombre de nègres, issus des anciens esclaves africains, ont contribué au mélange des races; mais ce troisième élément n’a qu’une faible importance relative, et le fond des populations andines reste d’une manière presque exclusive le produit des deux races espagnole et américaine. A ces nations du continent du sud, il faut encore ajouter celles de l’Amérique centrale et du Mexique, également latines et indiennes par leurs ancêtres.