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Voyage dans le nord du Brésil fait durant les années 1613 et 1614

9781465668523
213 pages
Library of Alexandria
Overview
Au temps de Louis XIII, le magnifique couvent des capucins de la rue St. Honoré comptait parmi ses moines deux religieux portant le même nom: Le P. Yves de Paris et le P. Yves d’Evreux. Le premier, ancien avocat, beau diseur, ardent à la dispute, imbu des idées de son siècle jouissait par la ville d’une haute réputation ; et les biographies modernes constatent encore son éclat effacé ; le second, ami secret de l’étude, plus ami de l’humanité, esprit observateur, âme passionnée pour les beautés de la nature, prêt à marcher où l’appelait son zèle, mais ne faisant nul cas de la curiosité que pouvait exciter sa personne, fut complétement oublié et oublié de telle sorte, que malgré un mérite reconnu deux cent cinquante ans ont passé sur son humble tombe sans qu’une voix amie ait appelé l’attention sur lui. Pour qu’il fût fait mention de ce moine obscur, il a fallu deux choses, sur lesquelles on ne devait pas compter au temps où il vivait ; la transformation en un puissant Empire des déserts qu’il avait parcourus ; et l’amour passionné de certains vieux livres, qu’on réhabilite avec raison, parce que seuls, ils retracent des faits sans la connaissance desquels, la civilisation, croissante de certains pays, marcherait dans l’ignorance de ses origines. Le grand couvent de Paris, renfermait alors bien des hommes condamnés à un injuste oubli. Fondé en 1575, par Catherine de Médicis, il avait acquis en peu de temps une renommée de science théologique, de zèle charitable dans les épidémies et d’abnégation, qu’il conserva à peu près intacte durant tout le dix-septième siècle. C’était là que le parti favorable aux religieux cloîtrés recrutait les esprits actifs qu’il opposait à l’évêque de Belley. C’était sur ces vastes terrains, possédés naguère par la maison de la Trémouille que s’élevait cette immense officine, bien connue du corps médical de Paris, où les habitués de la cour, aussi bien que les plus humbles bourgeois, venaient se munir de médicaments difficiles à se procurer autre part, ou qu’on préparait avec une incurie étrange dans les autres quartiers de l’immense cité. Mais disons-le promptement ce n’était pas la science incontestée alors de ces religieux, ni les résultats positifs de leur administration soigneuse, ni même les bienfaits journaliers, par lesquels ils se rendaient utiles aux classes nécessiteuses, qui leur valaient le crédit universel dont ils jouissaient dans Paris, ils le devaient surtout aux conversions éclatantes, dont le grand monastère de la rue St. Honoré avait été tout récemment le théâtre. C’était dans ce couvent, qu’un des plus grands seigneurs du dernier règne, le comte du Bouchage, plus connu sous le nom du P. Ange de Joyeuse, était venu renoncer au faste de la cour, et s’était démis volontairement de ses charges militaires, pour vivre dans la plus étroite pauvreté. C’était dans ce sombre asile qu’un des rejetons les plus illustres de la famille de Pembroke, avait abjuré le Calvinisme et, renonçant à la plus brillante existence, avait accepté les humbles fonctions qui dès la première année du siècle, il est vrai, s’étaient échangées pour lui contre les dignités de l’ordre, et l’avaient mis à même de poursuivre sans relâche, la mission qu’il s’était volontairement imposée.