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Les Voyages De Gulliver

Jonathan Swift

9781465581563
288 pages
Library of Alexandria
Overview
Parce que cet homme illustre a laissé des pamphlets, tout remplis de la curiosité, de la grâce et de l'intérêt du roman, nous aurions tort de le priver de son vrai titre, et de ne pas le mettre au premier rang des hommes politiques de l'Angleterre.—Il est l'auteur du fameux Conte du Tonneau.—Il écrivait en se jouant, d'une plume acérée et moqueuse, les Voyages de Gulliver, la plus amusante et la plus populaire des satires, devenue un jouet d'enfant... Ceux-là cependant se tromperaient... (tant les hommes les plus distingués connaissent peu leurs vrais mérites!) qui placeraient le doyen de Saint-Patrick, Jonathan Swift, parmi les poëtes et les romanciers de la nation qui produisit, à la même heure et le même jour, Samuel Richardson et Fielding, Clarisse Harlowe et Tom Jones. Swift, armé d'ironie, et robuste écrivain, alerte à toutes les questions, prompt à l'attaque, habile à la défense, eût été bien étonné, j'ai presque dit humilié, si quelque esprit, bon critique, eût affirmé à ce rude jouteur que, tous les hommes qu'il attaquait ou qu'il défendait étant morts; que toutes ces questions brûlantes, qui le tenaient en si grand éveil, étant oubliées; que ces pamphlets dont il faisait sa gloire étant retombés dans le néant, Jonathan Swift, honoré d'un titre populaire (on dit ledoyen, en Irlande, comme à Rome on disait le poëte, en parlant de Virgile) échapperait à ce naufrage éternel, grâce à certains côtés, voisins de la comédie. Ah! que de fois elle reste où l'histoire a passé! Ce bretteur pour ou contre les divers cabinets, ce qui l'a sauvé de l'oubli, c'est l'adoption des lecteurs de bon sens, qui savent arracher d'un conte bien fait tout ce qui ressemble à la haine, à la violence des partis. Les tout petits enfants, par leurs suffrages naïfs, ont sauvé la mémoire du fameux Doyen de Saint-Patrick... et telle fut sa récompense d'avoir été si longtemps, parmi les plus cruelles tempêtes et les disputes les plus violentes, une façon d'homme d'État sans portefeuille, un des plus acharnés combattants de la presse périodique, à l'heure où le journal, ce «troisième pouvoir,» fondait sa domination toute-puissante sur les bords de la Tamise. Invention nouvelle, puissance inconnue et force invincible, vous rencontrez, tout d'abord, dans l'exercice assidu de cette improvisation sans trève, les plus beaux esprits, les plus fermes courages de l'Angleterre: Steele, Addison, Swift, Congrève, Walsh, Arbuthnott, Gay, Pope, Keng, Prior, le docteur Friend, les langues de feu de ce temps-là; les uns et les autres, ils ont eu l'insigne honneur de comprendre et de fonder, à l'abri de la tribune et même au delà, le journal, cette force éloquente, exposée à tant de haines, à tant de revers.