Title Thumbnail

Le Chanteur Parisien:Recueil des Chansons de L.A. Pitou

Recueil des Chansons de L.A. Pitou

9781465561954
pages
Library of Alexandria
Overview
COMMENT JE M'ÉTAIS FAIT CHANTEUR. Je me souviens toujours avec plaisir d'avoir chanté à Paris, depuis 1795 jusqu'en 1797, pour chasser la misère et gagner ma vie, et je remercie le public d'avoir déposé en ma faveur le préjugé qu'il a contre tous ceux qui exercent la même profession que moi. Jadis les troubadours inspirèrent aux Français cette gaieté qui fera toujours notre caractère distinctif: mais, depuis notre civilisation, tout le monde a voulu chanter, et la paresse, la misère, l'ignorance et la mauvaise conduite ont bientôt fait pulluler les chanteurs. C'était autrefois un état considéré, et même lucratif; car les premiers troubadours étaient instruits, gais et probes. Ils ne chantaient que par délassement leurs maîtresses, leurs infortunes, et les exploits des sires, des damoisels et des châtelains. Ils voyageaient pour s'instruire; ils trouvaient un asile chez les grands dont ils composaient l'histoire en vers gothiques. Un grain de vanité est le partage de tous les hommes: le nain prend des échasses, pour s'égaler au géant; ainsi je me crus historien en me faisant chanteur. Dans le premier volume de mon Voyage à Cayenne[1] j'ai parlé des motifs qui me forcèrent à chanter en public; beaucoup de personnes me croient mort, d'autres viennent me demander si réellement c'est bien moi? Oui, oui, leur dis-je, j'ai traversé gaiement une fournaise ardente; j'ai écrit mon voyage, j'ai chanté au milieu des tourments: à ma voix, le Ténare a souri… . Aujourd'hui, je joins au récit de mes traverses, et les chansons qui m'ont fait exiler, et les airs qui m'ont préservé des influences malignes du climat dévastateur que j'ai foulé pendant trente mois