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Les Cent Nouvelles Nouvelles:Publi� d'apr�le Seul Manuscrit Connu Avec Introduction et Notes

Publi� d'apr�le Seul Manuscrit Connu Avec Introduction et Notes

Various

9781465548511
pages
Library of Alexandria
Overview
L e recueil de contes publi? sous le titre des Cent Nouvelles Nouvelles est tellement connu, que nous croyons pouvoir nous dispenser de parler ici de sa valeur litt?raire. Par un hasard singulier, qui ne s'explique pas facilement, on n'en connoissoit pas un seul manuscrit, et toutes les ?ditions d'un ouvrage qu'on consid?re avec raison comme l'un des mod?les de la vieille prose fran?oise n'ont ?t? jusqu'? pr?sent que la reproduction plus ou moins correcte des ?ditions imprim?es dans les derni?res ann?es du quinzi?me si?cle. Cependant, on voit des indications assez exactes de deux manuscrits des Cent Nouvelles Nouvelles. Dans le Catalogue de la biblioth?que de Gaignat, publi? par De Bure en 1769, en deux volumes in-8, nous trouvons, sous le n? 2214: ?Le livre des Cent Nouvelles Nouvelles compos?es pour l'amusement du roi Louis XI, lorsqu'il n'?toit encore que Duc de Bourgogne (sic), manuscrit sur vélin, du quinzième siècle, en lettres gothiques, daté de l'année 1432 et décoré de petites miniatures assez jolies, petit in-folio, mar. cit.» Vendu 100 liv. 1 sol. Un autre catalogue, mais beaucoup plus ancien, l'Inventaire de la Bibliothèque des ducs de Bourgogne, publié dans la Bibliothèque protypographique (Paris, 1830, in-4, p. 283), nous indique un manuscrit du même ouvrage qui en étoit probablement l'exemplaire original. On y lit: «Nº 1261. Ung livre tout neuf escript en parchemin, à deux coulombes, couvert de cuir blanc de chamoy, historié en plusieurs lieux de riches histoires, contenant cent nouvelles, tant de Monseigneur, que Dieu pardonne, que de plusieurs autres de son hostel, quemanchant le second feuillet, après la table, en rouges lettres: celle qui se baignoit, et le dernier: lit demanda.» Voilà tout ce qu'on savoit des manuscrits des Cent Nouvelles Nouvelles, et on les croyoit tous les deux irréparablement perdus, quand, par un heureux hasard, durant une courte visite à Glasgow, j'ai trouvé un beau manuscrit de cet ouvrage dans la précieuse bibliothèque du Musée Huntérien, et qui répondoit assez bien à la description du manuscrit du catalogue de 1769 d'un côté, et à celle du manuscrit des ducs de Bourgogne de l'autre. Ma première idée fut que les trois manuscrits n'en faisoient qu'un, et que j'avois devant les yeux l'exemplaire original de ce célèbre recueil. En effet, je me suis bientôt convaincu que j'avois entre les mains le manuscrit même qui avoit figuré dans le catalogue de Gaignat.—Non-seulement la description de ce Catalogue s'appliquoit parfaitement bien à notre manuscrit, mais la date 1432 s'y trouvoit. La chose s'explique sans difficulté: le docteur Hunter, à qui l'Université de Glasgow doit le musée et la bibliothèque qui portent encore son nom, né en 1728, s'établit à Londres en 1763 et y est mort en 1793. Le catalogue de Gaignat est précisément de l'époque à laquelle le docteur Hunter s'occupoit le plus activement de l'achat des manuscrits. C'est sans doute lui qui acheta pour 100 francs l'exemplaire des Cent Nouvelles Nouvelles indiqué dans le catalogue de 1769. Je ne pouvois donc plus douter que je tenois entre les mains le manuscrit de Gaignat; mais je me suis également convaincu que notre manuscrit n'étoit pas celui de l'Inventaire de la Bibliothèque des ducs de Bourgogne, dont on avoit facilité l'identification, selon la manière usuelle au moyen âge, en donnant les premiers mots du second et du dernier feuillet. En effet, nous savons que le second feuillet du manuscrit appartenant au duc de Bourgogne commençoit par les mots celle qui se baignoit. Nous trouvons bien sur la première page de notre manuscrit (le premier feuillet manque), dans le titre du premier conte, les mots: «trouva celuy qui se baignoit avec sa femme»; mais ils ne sont pas les premiers mots de la page, et par conséquent du feuillet. L'auteur de l'Inventaire a voulu sans doute nous informer que l'avant-dernier feuillet finissoit par les mots lict, demanda, et nous trouvons dans notre manuscrit (tom. II, p. 248, de notre édition) les mots: «la vit couchée au lict, demanda si pour ung seul, etc.»; mais les deux mots en question ne sont ni au commencement ni à la fin du feuillet. Le manuscrit de la bibliothèque des ducs de Bourgogne étoit évidemment un exemplaire des Cent Nouvelles Nouvelles différent de celui de Glasgow. Mais, en comparant ainsi les manuscrits, une autre circonstance a fixé mon attention. Les mots qui commençoient le second feuillet de l'exemplaire appartenant aux ducs de Bourgogne sont identiques dans les deux manuscrits (car je regarde le celle de l'Inventaire comme une simple erreur du compilateur), mais pas dans l'édition imprimée par Verard, qui a changé un peu la phrase: «le trouvoit qui se baignoit avec sa femme.» Nous devons conclure de cette conformité assez importante dans le peu de mots conservés du manuscrit des ducs de Bourgogne que le texte original des Cent Nouvelles Nouvelles est assez exactement représenté dans le manuscrit de Glasgow, et par conséquent que le texte de Verard et des éditions subséquentes est très imparfait et très incorrect, car on n'a qu'à comparer quelques pages du texte de notre manuscrit de Glasgow avec celui des éditions imprimées pour se convaincre que le premier leur est très supérieur. Nous avons le droit même de supposer que non-seulement Verard a tiré son texte d'un mauvais manuscrit, mais encore qu'il l'a laissé imprimer avec beaucoup de négligence; qu'on a continuellement changé les phrases qui sentoient le dialecte picard plutôt que l'idiome parisien; qu'on a remplacé des expressions vieilles ou triviales par d'autres plus modernes ou plus en vogue; enfin, qu'on a fait des omissions assez considérables, quelquefois par accident ou négligence, mais plus souvent pour abréger le texte. Ces omissions deviennent beaucoup plus nombreuses et plus importantes vers la fin de l'ouvrage qu'au commencement, et dans l'édition de Verard, comparée avec le texte du manuscrit, le dernier conte est abrégé presque d'un tiers. Le manuscrit de Glasgow nous permet donc de donner le texte des Cent Nouvelles Nouvelles beaucoup plus complet et plus correct que celui de toutes les éditions qui ont précédé la nôtre