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Études sur la flore du Sénégal

Joseph Vallot

9781465542533
213 pages
Library of Alexandria
Overview
Depuis quelques années, l’attention s’est vivement tournée du côté du Sénégal. La France a résolu de porter la civilisation jusqu’au cœur de l’Afrique, d’ouvrir au commerce les parties fertiles du Soudan et d’y construire des chemins de fer pour en rapporter les productions. Grâce aux efforts de nos voyageurs et de nos officiers, nous nous avançons rapidement dans l’intérieur. Déjà le drapeau français flotte sur le fort de Kita, à 1200 kilomètres de la côte et seulement à 150 kilomètres du Niger. Le capitaine Gallieni a obtenu du sultan de Ségou qu’il consentît à mettre sous notre protectorat toute la vallée du haut Niger, depuis sa source jusqu’à Timbouctou ; dans quelques années, nous pourrons pénétrer dans cette ville célèbre, et une voie ferrée nous rapportera les produits du centre de l’Afrique. D’un autre côté, M. Olivier de Sanderval et M. le Dr Bayol nous ont mis en relation avec Fouta-Djallon, et l’on peut espérer que nous pourrons bientôt fonder des établissements sur les plateaux élevés de cette région montagneuse, dont le climat, sain et relativement frais, forme un heureux constraste avec les plaines enfiévrées de la côte et des rives du Sénégal. Si l’on jette les yeux sur la carte annexée à ces études, on verra que, au point de vue botanique, nous ne connaissons encore que les côtes et les bords du Sénégal. Le haut fleuve, dont nous ne possédons pas 200 plantes, en réunissant toutes les collections qui ont été rapportées, peut être considéré comme à peu près inconnu. Cependant, si l’on en juge par les petites collections de M. Carrey et du commandant Derrien, il est a supposer que la végétation est à peu près la même sur tout le parcours du fleuve, ce qui ne peut étonner, lorsqu’on sait que Kita, le point le plus éloigné que nous connaissions, n’est qu’à 345 mètres d’altitude. Pour la partie montagneuse, tout est à faire, car nous ne possédons pas une seule plante de cette région. Il ne faudrait pas croire, cependant, que l’exploration de cette partie du Sénégal n’ait tenté aucun voyageur ; il suffit de citer les noms de MM. Olivier de Sanderval, Gaboriau, le Dr Bayol, pour rappeler les plus récentes explorations du Fouta-Djallon. Malheureusement beaucoup de voyageurs ne soupçonnent pas la facilité avec laquelle on fait les collections botaniques, et ne se doutent pas de l’importance que peut avoir un simple paquet d’une centaine de plantes recueillies en pays complètement inconnu. Si M. Olivier de Sanderval, qui a été retenu deux mois à Timbo dans une inaction forcée, avait pu se douter des richesses que pouvaient nous procurer deux ou trois journées d’herborisation, il se serait certainement mis à l’œuvre.