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La Vie Et La Mort Du Roi Richard III

William Shakespeare

9781465530561
1 pages
Library of Alexandria
Overview
Richard III est l’un de ces hommes qui ont fait sur leur temps cette impression d’horreur et d’effroi toujours fondée sur quelque cause réelle, bien qu’ensuite elle porte à exagérer les réalités. Hollinshed le met au nombre de «ces personnes mauvaises qui ne vivront une heure exemptes de faire et exercer cruauté, méchef et outrageuse façon de vivre.» Sans doute, et la critique historique en a fourni la preuve, la vie de Richard a été chargée de plusieurs crimes qui ne lui ont pas appartenu; mais ces erreurs et ces exagérations, fruit naturel du sentiment populaire, expliquent, sans la justifier, la bizarre fantaisie qu’a eue Horace Walpole de réhabiliter la mémoire de Richard, en le déchargeant de la plupart des crimes dont on l’accuse. C’est là une de ces questions paradoxales sur lesquelles s’échauffe l’imagination du critique qui s’en est laissé saisir, et où la plus ingénieuse discussion ne sert ordinairement qu’à prouver jusqu’à quel point l’esprit peut s’employer à embarrasser la marche simple et ferme de la vérité. Sans doute il ne faut pas juger un personnage de ces temps de désordre d’après les habitudes douces et régulières de nos idées modernes, et beaucoup de choses doivent être mises sur le compte de l’entourage d’hommes et de faits au milieu desquels apparaissent les caractères historiques; mais lorsqu’à l’époque où a vécu Richard III, après les horreurs de la Rose rouge et de la Rose blanche, la haine publique va choisir un homme entre tous pour le présenter comme un modèle de cruauté et de perfidie, il faut assurément qu’il y ait eu dans ses crimes quelque chose d’extraordinaire, ne fût-ce que cet éclat que peut y ajouter la supériorité des talents et du caractère qui, lorsqu’elle s’emploie au crime, le rend à la fois plus dangereux et plus insultant. L’opinion généralement établie sur Richard a pu contribuer au succès de la pièce qui porte son nom: aucun peut-être des ouvrages de Shakspeare n’est demeuré aussi populaire en Angleterre. Les critiques ne l’ont pas eu général traité aussi favorablement que le public; quelques-uns, entre autres Johnson, se sont étonnés de son prodigieux succès; on pourrait s’étonner de leur surprise si l’on ne savait, par expérience, que le critique, chargé de mettre de l’ordre dans les richesses dont le public a joui d’abord confusément, s’affectionne quelquefois tellement à cet ordre et surtout à la manière dont il l’a conçu, qu’il se laisse facilement induire à condamner les beautés auxquelles, dans son système, il ne sait pas trouver une place convenable.