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Le Voyageur Étonné

9781465686497
213 pages
Library of Alexandria
Overview
Jadis, quand, pour réunir quelque pécune alimentaire, je parlais à des publics fort disparates, j’ai beaucoup voyagé. En France, et parfois hors de France, j’ai vu nombre de villes et de hameaux, des plaines riches en moissons ou stériles, des montagnes neigeuses et des collines fleuries de bruyères, des fleuves au cours majestueux et des torrents qui se précipitaient en cascades turbulentes, des forêts et des landes, l’Océan et la Méditerranée, des aubes de pure lumière et des crépuscules noyés dans la brume… que sais-je encore ? Partout j’admirais, partout je m’étonnais car il n’est pas d’admiration sans étonnement. Mais il arrivait aussi que j’eusse l’occasion de m’étonner sans admirer, par exemple aux endroits où les hommes montrent une ingéniosité déplorable à enlaidir l’œuvre de beauté — l’œuvre de Dieu. A présent qu’il ne m’est plus donné de pérégriner çà et là en collectionnant maints aspects de l’univers, je fais encore de splendides voyages dans ces régions de la vie contemplative où tant de grâces sont octroyées à toute âme qui s’applique à prendre pour guides vers le Paradis les Saints de Notre-Seigneur. Itinéraire incomparable dont l’oraison désigne les étapes, où les auberges sont des églises, où les phares sont les petites lampes, jamais éteintes, qui brûlent devant la Présence réelle ! Les paysages que l’on découvre en cette contrée surpassent tous les sites de la terre. L’humanité, on ne l’y rencontre qu’en posture d’adoration. Les pauvres par dilection, les souffrants, les humbles y apprennent la gratitude envers la miséricorde divine qui leur ouvrit ces refuges. C’est là que je continue d’être le voyageur étonné. C’est là que la prière pour tous m’élève au-dessus de moi-même. C’est là que le Verbe incarné m’admet à porter la croix avec Lui et qu’il la fleurit de roses radieuses. J’en respire le parfum et alors, par un miracle de sa charité, je saisis le sens des paroles qu’il murmure tout au fond de mon cœur… Laissez-moi tenter de vous en transmettre l’écho. Certes, je le ferai bien maladroitement, bien insuffisamment. Mais si vous rendez à Jésus un peu de l’amour ineffable qu’il nous témoigne, vous complèterez ce que je voudrais vous exprimer aussi nettement que je l’éprouve. Et nous monterons, tous ensemble, en chantant, comme des alouettes, vers ce soleil des printemps de l’âme : le sourire de Notre-Seigneur.