Title Thumbnail

Les Aventures du capitaine Magon: ou une exploration phénicienne mille ans avant l'ère chrétienne

9781465675545
213 pages
Library of Alexandria
Overview
L’avant-veille de la fête de la Navigation, nos navires étaient complétement terminés sur chantiers et en trois heures de travail ils furent mis à l’eau. Les deux galères mesuraient soixante-douze coudées ordinaires de long, soit soixante-deux coudées sacrées sur dix-sept coudées ordinaires de large. Le gaoul, dont la quille était faite d’un seul tronc de cèdre, mesurait soixante-sept coudées de long sur vingt coudées de large ; il était à trois ponts et avait deux bancs de rameurs ; la distance de ses ponts était de quatre coudées, l’élévation totale au milieu, au-dessus de l’eau, de douze coudées, et l’avant comme l’arrière de seize coudées. Les deux galères, deux rangs de rameurs, deux étages, s’élevaient de huit coudées au-dessus de la flottaison, à pleine charge. Elles avaient place chacune pour cent cinquante matelots et cinquante rameurs. Mais je n’avais encore pour elles deux que deux cents matelots, comptant recruter en route une centaine d’hommes d’armes et archers qui pourraient aussi aider à la manœuvre. Les cent cinquante matelots et rameurs du gaoul étaient au complet, ainsi que les trente-sept hommes du Gaditan et les huit hommes des deux barques. Chacun des navires, sauf naturellement les deux barques auxquelles on donnait la remorque, avait deux pilotes, l’un pour l’avant, l’autre pour l’arrière, Himilcon restant pilote en chef ; et au sommet de chacun des mâts était une guette en bois de sapin de Scénir, pour placer une vigie. Les sabords des rameurs s’ouvraient à égales distances et tous les navires étaient soigneusement calfatés, goudronnés et peints en noir avec des bordages rouges. Sur les listes que chacun des capitaines avait entre les mains, Hannon avait inscrit les rôles des équipages, la place de chaque objet du gréement de rechange et celle de chaque colis ou ballot de la cargaison. Tous les objets usuels, armes, tapis de couchage, barriques d’eau, ustensiles de cuisine, avaient aussi leur place soigneusement désignée et inscrite d’avance. Le logement des équipages dans les entre ponts portait marquées les places de chaque matelot ou rameur. Sous l’arrière surélevé était la cabine des capitaines et des pilotes, et sous l’avant celle des chefs de chiourme et des chefs de dix et de vingt matelots ou soldats. Enfin, sur la galère que j’avais choisie pour moi, j’avais fait ménager sur l’arrière une cabine de planches, séparée en deux par une cloison et percée de deux petites fenêtres, pour l’esclave ionienne et l’eunuque du roi. Hannon se chargea de trouver de beaux noms pour les navires. Le gaoul, que commandait Bodmilcar, et sur lequel se trouvaient le plus de Tyriens, reçut le nom de Melkarth, dieu de Tyr. L’une des galères fut mise sous l’invocation de Dagon, dieu des Philistins, qui est le roi des poissons, et la galère sur laquelle nous nous embarquions fut consacrée à la dame Astarté, la patronne des Sidoniens, pour laquelle nous avions une dévotion particulière. LeGaditan ne pouvait conserver son nom, en compagnie de ces divinités ; comme il était chargé de guider notre route, à la requête d’Himilcon, il fut appelé le Cabire. Bodachmoun, grand prêtre d’Astarté, nous promit de nous donner des images de chacun de ces dieux, pour les mettre sur les navires qui leur étaient consacrés.