Title Thumbnail

Revue de l'histoire de la Licorne, par un naturaliste de Montpellier

9781465672292
213 pages
Library of Alexandria
Overview
Lorsque vous me demandâtes dernièrement ce que je pensais de la licorne, vous voulûtes bien me laisser le loisir de faire quelques recherches à ce sujet, pour appuyer une négation, qui parut vous surprendre d'abord: j'espère aujourd'hui vous convaincre que la licorne est un être de raison. Vous verrez par-là combien il est nécessaire de faire de temps en temps la revue de ce que les anciens nous ont appris en histoire naturelle, pour être assurés si nous pouvons embrasser leurs opinions ou les infirmer par nos observations. En prenant la licorne, par exemple, pour objet de nos réflexions, la première qui se présente est celle-ci: Est-il probable que tant d'auteurs qui nous sont connus eussent pris la peine d'écrire sur un objet aussi contesté, si l'un d'eux seulement avait prouvé sans réplique que la licorne n'existe pas, ou si un seul avait également prouvé par le fait qu'elle existe: il n'y aurait eu plus rien à dire. Mais jusqu'ici la preuve est aussi incertaine que la négative. Tâchons à notre tour, au milieu de tant d'obscurité, de démêler le vrai d'avec le faux. Le premier qui ait imaginé de tracer l'histoire de la licorne, est, au rapport de Pline, Ctesias, historien et médecin grec qui vivait 400 ans avant Jésus-Christ: il est cité par Aristote comme un auteur de peu de crédit. Ce n'est donc pas la peine de remonter si loin pour ne trouver qu'une fiction si souvent rejetée. Philostrate, écrivain de beaucoup de choses plaisantes, s'est aussi amusé à embellir l'histoire de la licorne. C'est d'après de telles autorités que d'autres auteurs plus graves ont parlé d'un animal qui leur était inconnu, chacun ajoutant de son chef quelque chose d'extraordinaire pour rendre cette histoire plus merveilleuse. Pline, dans le XXI.e chapitre du VIII.e livre de son histoire naturelle a englobé le peu qu'il avait à dire des licornes, avec ce qu'il avait à rapporter des lynx, des sphinx, des chevaux aîlés, des crocottes, des bœufs des Indes, des leo-crocottes, des éales, des taureaux d'Ethiopie, des mantikhores, des catolèpes, etc.; il y a peu à compter sur tout ce qu'il en dit sur la foi de voyageurs peu éclairés. Tel est le récit de Pline: «Les Indiens donnent aussi la chasse à une bête féroce très-dangereuse, qui est le monoceros, c'est-à-dire qui n'a qu'une corne. Son corps ressemble à celui du cheval, sa tête à celle du cerf, ses pieds à ceux de l'éléphant, sa queue à celle du sanglier. Son mugissement est d'un ton grave. Il lui sort du milieu du front une seule corne de deux coudées d'éminence. Ils assurent qu'on ne peut prendre cette bête en vie».