Réflexions sur le suicide
9781465668424
213 pages
Library of Alexandria
Overview
J’ai écrit ces réflexions sur le Suicide, dans un moment où le malheur me faisait éprouver le besoin de me fortifier par le secours de la méditation. C’est près de Vous, Monseigneur, que mes peines se sont adoucies ; mes enfans et moi nous avons fait comme ces bergers d’Arabie, qui lorsqu’ils voient venir l’orage, se retirent à l’abri du laurier. Vous n’avez jamais considéré la mort, Monseigneur, que comme dévouement à la patrie ; et jamais Votre âme n’a pu être atteinte par ce découragement que ressentent quelquefois les êtres qui se croient inutiles sur la terre. Néanmoins Votre esprit transcendant n’est étranger à aucun sujet philosophique, et Vous voyez de trop haut pour que rien puisse Vous échapper. Je n’avais jusqu’à ce jour dédié mes ouvrages qu’à la mémoire de mon Père ; je Vous ai demandé,Monseigneur, l’honneur de Vous rendre hommage, parce que Votre vie publique signale à tous les yeux les vertus réelles, qui seules méritent l’admiration des penseurs. Un courage intrépide Vous distingue personnellement entre tous les braves, mais ce courage est dirigé par une bonté non moins sublime ; le sang des guerriers, les pleurs du pauvre, les inquiétudes même du faible sont l’objet de Votre humanité prévoyante. Vous craignez la souffrance de Vos semblables, et le rang éminent où Vous êtes placé ne pourra jamais effacer de Votre cœur la sympathie. Un Français disait de Vous, Monseigneur, que Vous réunissiez la chevalerie du républicanisme à la chevalerie de la Royauté : en effet, dans quelque sens que la générosité puisse s’exercer, elle Vous est toujours native. Dans les rapports de la société Vous ne mettez point à la gêne, par une roideur factice, l’esprit et l’âme de ceux qui Vous entourent. Vous pourriez, pour ainsi dire, gagner tout un peuple un à un, si chaque individu qui le compose, avait le bonheur de s’entretenir un quart d’heure avec Vous, mais à côté de cette affabilité pleine de grâces, Votre mâle énergie Vous attache tous les caractères forts. Cette Nation Suédoise, jadis si célèbre par ses exploits, et qui conserve encore les grandes qualités que ses ancêtres ont manifestées, chérit en Vous le présage de sa gloire. Vous respectez les droits de cette Nation, Monseigneur, par penchant et par conscience, et l’on Vous a vu, dans plusieurs circonstances difficiles, aussi fier des barrières constitutionnelles, que d’autres en seraient impatiens.