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La Tapisserie de la Reine Mathilde dite La Tapisserie de Bayeux

9781465665034
213 pages
Library of Alexandria
Overview
Si aujourd'hui, dans la décoration des édifices, on n'emploie que rarement des frises analogues à celle que conserve la bibliothèque de Bayeux, il en était autrement au XIe siècle. De nombreux textes nous parlent d'ornements de ce genre, décorant soit les églises, soit les palais; tantôt ce sont des peintures ou des mosaïques, tantôt des tentures: beaucoup de ces dernières étaient de simples étoffes, ornées de dessins obtenus lors du tissage, et se reproduisant comme les dessins de nos damas modernes; mais les plus précieuses représentaient des personnages, des scènes religieuses, ou des événements historiques. Leur succès était tel qu'on les employait même pour faire des vêtements. L'usage était venu d'Orient. Ainsi à Constantinople, aux voûtes du palais impérial de la Chalcé, on voyait Bélisaire présentant à Justinien et à Théodora, les rois qu'il avait fait prisonniers, au cours de ses glorieuses campagnes. Dans la salle d'honneur d'un autre palais, le Cénourgion, l'empereur Basile Ier recevait les offrandes des villes conquises, que lui présentaient ses généraux; au-dessous étaient peints les exploits personnels du monarque, et les travaux qu'il avait fait exécuter pour le bonheur de ses peuples. Ailleurs, l'empereur sur son trône était entouré de ses enfants, portant des livres contenant les préceptes divins qu'on leur avait appris. Si, quittant l'Orient, nous nous dirigeons vers l'Occident, nous trouvons, existant encore aujourd'hui, les belles mosaïques de Ravenne où nous admirons, à côté de beaucoup de scènes religieuses, Justinien et Théodora au milieu de leur cour. Nous insistons sur cet exemple, car nous y trouvons un sujet contemporain et profane placé dans une église. D'autre part, comme notre tenture de Bayeux, il a la forme d'une longue frise. Les textes nous signalent encore nombre de décorations semblables; ainsi, lors du baptême de Clovis, et pour donner à cette importante cérémonie tout l'éclat qui convenait, saint Rémi fit tendre les rues de Reims de toiles peintes et de tapisseries. Nous savons encore qu'à Ingelheim sur le Rhin, Louis le Débonnaire avait fait peindre dans l'église les principales scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, et, dans une salle du Palais, des épisodes historiques d'après le célèbre ouvrage de Paul Orose avec Ninus, Cyrus, Phalaris, Romulus et Rémus, Annibal, Constantin et Théodose, ainsi que les victoires de Charles Martel, de Pépin et de Charlemagne.