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Tolla

9781465651761
102 pages
Library of Alexandria
Overview
La famille Feraldi n'est pas princière, mais elle marche de pair avec bien des princes. Alexandre Feraldi, comte du Saint-Empire, baron de Vignano, chevalier de l'ordre de Constantin, est un des soixante patriciens inscrits sur les tables du Capitole. Il n'a jamais voulu entrer dans l'armée pontificale, où son père était lieutenant-colonel. Une santé délicate, l'instruction sérieuse qu'il a reçue au collége de Nazareth, et, par-dessus tout, la nécessité de rétablir les affaires de sa famille, lui a fait embrasser l'étude des lois et de la jurisprudence. Le temps n'est plus où l'on trouvait dans chaque Romain l'étoffe d'un soldat, d'un laboureur et d'un jurisconsulte ; mais les patriciens ont conservé le respect des trois arts glorieux qui firent la grandeur de leurs ancêtres. Le comte Feraldi, docteur en droit sans déroger, se maria en 1816 à Catherine Mariani, fille du marquis de Grotta Ferrata. Vers la même époque, deux de ses cousins germains, du même nom que lui, épousèrent des princesses, une Odescalchi et une Barberini. Alexandre Feraldi ne fut pas insensible à l'honneur de ces alliances, qui relevaient le nom de sa famille. Trois mois après, une succession inespérée, qui vint le surprendre pendant la grossesse de sa femme, le mit pour toujours au-dessus du besoin, en portant son revenu à vingt-cinq ou trente mille francs. Jamais homme ne fut plus heureux que le comte Feraldi dans la première année de son mariage. Ce petit homme aimable, vif et sautillant, très-brun, sans que sa physionomie présentât rien de noir ; très-fin et très-subtil, avec beaucoup de franchise et d'ouverture de cœur, remplissait de sa joie et animait de sa gaieté le palais délabré de ses ancêtres. Sa femme, assez belle, mais d'une beauté sèche et pour ainsi dire indigente, l'aimait éperdument. Ses amis le plaisantaient quelquefois sur l'excès de son bonheur. « Où s'arrêtera, disait-on avec emphase, la fortune des Feraldi? Le Pactole court dans leur jardin ; les rejetons des familles princières viennent se greffer sur leur arbre généalogique. Nous te prédisons, ô trop heureux Alexandre, que ta femme avant deux mois accouchera d'un pape! »