Title Thumbnail

Les femmes qui font des scènes

9781465650214
102 pages
Library of Alexandria
Overview
Vous êtes marié, très-marié, mon cher; Personne plus que moi ne vous en félicite. Parmi les gens heureux en tous lieux on vous cite. Voulez-vous rire un peu—des autres—par bel air? Ma muse, grâce au ciel, est une des plus folles; On ne la comprend guère au delà de Paris. Vous lisez cependant les choses que j’écris; C’est que vous demeurez tout juste à Batignolles. Si je vous dédiais cet ouvrage sans fiel? Pourquoi pas?—Mais alors silence à votre femme! J’y raille doucement un sexe pour lequel Je suis toujours tout prêt à vendre ma pauvre âme. C’est l’œuvre d’un esprit qui, revenu du Lac, Toujours trompé, se croit de plus en plus sagace; Un obscur descendant du rayonnant Boccace; Un séïde à tous crins de Mahomet-Balzac. Balzac est ce grand maître en malice émérite, L’éclaireur sans pitié de ceux qu’on va dupant, L’Astolphe qui ricane où Joconde s’irrite, Le damné confesseur des filles du serpent. C’est ce témoin narquois perché sur leurs faiblesses, Comme un faune égrillard qui guette un couple amant, Et qui, derrière un arbre, épiant leurs caresses, Entre deux longs baisers jette—un éternuement! J’ai peut-être trop lu les Contes drôlatiques, Et les ai lus trop tôt, je dois en convenir. La moquerie a pris mes instincts poétiques, Et, me voyant ému, m’a dit:—Ça va finir?...Depuis, je vais riant des femmes que j’adore, Sûr qu’on me le rend bien, qu’on me l’a bien rendu, Et qu’on me le rendra plus d’une fois encore. Donc, sauvons mon esprit, si mon cœur est perdu!