La nouvelle Robinsonnette: Aventures d'une fillette sur une île déserte
9781465649225
188 pages
Library of Alexandria
Overview
Vieux marin, le capitaine S., pendant les quarante années de sa vie errante, avait visité presque toutes les mers du globe. Partout on le connaissait comme un homme droit, honnête et instruit. Ayant atteint sa soixantième année, il résolut de quitter l'élément orageux pour aller passer le restant de ses jours dans sa ville natale, à Gothenbourg, auprès de sa famille bien-aimée. Sa femme, bonne et intelligente créature, ressentait pour la mer une crainte invincible. Lorsque, autrefois, son mari s'embarquait, elle appréhendait toujours de ne plus le revoir. Cette inquiétude continuelle avait fini par ébranler fortement sa santé. Leur fille unique, Hélène, que son père adorait, étudiait dans un pensionnat dirigé par une amie de sa mère. Son bon cœur et ses excellentes aptitudes la firent bientôt aimer par tout le monde. La plus grande joie qu'elle donnât à son père, c'était quand elle s'asseyait au piano et lui chantait ses chansons favorites. Il l'accompagnait souvent de sa voix de basse, à laquelle tant d'années d'une vie inquiète et agitée n'avaient rien ôté de son charme et de sa douceur. Hélène venait à peine d'entrer dans sa quinzième année, quand son père perdit soudainement la vue. A partir de ce moment, la fillette ne le quitta plus: elle allait avec lui à la promenade, lui faisait la lecture à haute voix, et s'efforçait, par tous les moyens, d'adoucir le malheur qui l'avait frappé. Lui, de son côté, enseignait à sa fille tout ce qu'il savait et, grâce à une mémoire excellente, elle apprit de lui, dans l'espace d'une année, plusieurs langues européennes. Le vieux capitaine eut recours à tous les médecins réputés de sa ville, mais aucun d'eux ne put lui rendre la vue. Enfin, il se souvint que, pendant un séjour en Italie, il avait fait la connaissance d'un célèbre oculiste, dont le nom était fameux dans toute l'Europe. Le vieillard résolut de s'adresser à lui. Malgré l'amour qu'elle portait à son mari, la mère d'Hélène ne put surmonter la crainte que lui inspirait la mer, et se décida à laisser partir sa fille avec son père, lequel, de son côté, estimait qu'il aurait bien de la peine à se passer d'elle, personne ne sachant comme elle lui faire la lecture, se conformer à ses habitudes et à ses goûts. Le voyage lointain qu'elle devait entreprendre enchantait Hélène. Son imagination ardente lui retraçait d'avance la joie qu'elle aurait à contempler les monuments majestueux et sans prix de l'art italien, à admirer les beautés de la nature méridionale.