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Comment on Prononce le Français

Traité complet de prononciation pratique avec le noms propres et les mots étrangers

9781465630339
188 pages
Library of Alexandria
Overview
Deux grammairiens, Domergue et Mᵐᵉ Dupuis, ont publié en 1805 et 1836 des traités de prononciation qui ont longtemps fait loi. On voit qu’ils remontent un peu loin. Et pourtant, depuis cette époque, il n’en a guère paru de satisfaisants. Je n’en connais pas du moins qui n’ait de graves défauts. D’abord ils sont inexacts, je veux dire qu’ils renferment de nombreuses erreurs, parfois des erreurs énormes, soit qu’ils conservent, par un respect excessif de la tradition, des manières de prononcer qui sont tout à fait sur années, soit qu’au contraire, ils accueillent avec une facilité déplorable des prononciations qui ont peut-être l’avenir pour elles, mais qui en attendant sont désagréables au plus haut degré. Chose fâcheuse à constater, les meilleurs travaux sur la matière sont encore ceux des étrangers. Mais comment espérer qu’un étranger puisse vraisemblablement nous enseigner notre prononciation? Ch. Nyrop lui-même, qui fait autorité en ce qui concerne la grammaire historique de notre langue, ne peut pas ne pas commettre des erreurs. Un autre défaut des traités de prononciation contemporains, c’est qu’ils sont très incomplets. Seul Lesaint s’est donné la peine de faire une revue complète, trop complète même, du vocabulaire. Je dis trop complète, parce qu’il donne des listes alphabétiques interminables de mots que personne n’emploie. Mais lui-même n’a pas prévu tous les cas intéressants ou douteux, tous ceux sur lesquels on peut ou on doit se poser des questions. Aurait-on donc tout prévu dans ce nouveau livre? Je ne l’affirmerai pas, et sans doute plus d’un point a dû échapper: en aucune matière on ne peut prétendre être parfaitement complet, et il peut y avoir des difficultés à côté desquelles on passe sans les apercevoir. Il reste toujours que l’on trouvera traités ici des problèmes, ou indiquées des prononciations qu’on chercherait vainement ailleurs. Pour les noms propres notamment, on sera très largement servi. Et les faits n’y seront pas énumérés, mais classés: les longues listes alphabétiques qu’on trouve ailleurs, et qui, dans leur désordre réel, que cache mal l’ordre apparent, rendent si peu de services, y seront remplacées par des classifications méthodiques et logiques. Mais, dira-t-on, si les traités de prononciation sont incomplets, les dictionnaires ne le sont pas. N’y en a-t-il pas qui donnent la prononciation de tous les mots? Eh bien! c’est encore une erreur. Les dictionnaires, outre qu’ils sont un peu gros pour être d’un usage pratique, sont aussi très incomplets, d’abord parce qu’ils ne donnent généralement qu’une prononciation dans beaucoup de cas où on a le droit d’hésiter: or, quand les individus ont le droit d’hésiter, les livres ont le devoir de le faire; ensuite parce qu’ils oublient les flexions, qui sont capitales: ils donneront par exemple la prononciation de l’infinitif des verbes, mais celle de la première personne, dans la pluralité des cas, est beaucoup plus intéressante que celle de l’infinitif. Et puis les dictionnaires considèrent uniquement les mots isolés: or il importe souvent de les considérer dans le corps des phrases. D’ailleurs les dictionnaires aussi renferment beaucoup d’erreurs. Celui qui aujourd’hui fait autorité en toute matière, le Dictionnaire général, de Darmesteter, Hatzfeld et M. A. Thomas, laisse autant à désirer au point de vue de la prononciation qu’au point de vue de l’étendue du vocabulaire. D’abord sa doctrine paraît avoir varié sensiblement au cours de l’impression, et on y trouve d’étranges inconséquences; de plus il paraît dans beaucoup de cas subordonner ses solutions à l’orthographe ou à l’étymologie, sans tenir assez de compte de l’usage véritable, indiquant ce qui doit être ou ce qui devrait être plutôt que ce qui est.