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La Légende des sexes

Poëmes hystériques

9781465623294
188 pages
Library of Alexandria
Overview
Ce livre est l’épopée du bas-ventre. La Légende des sexes n’est point une parodie, elle est un complément: le complément d’une œuvre gigantesque et lumineuse, mais incomplète à notre sens. Prenant l’être, Victor Hugo le regarda sous trois faces et crut l’avoir vu tout entier. Après qu’il eût dressé le grand miroir triangulaire de sa légende, il le fit tourner sur l’axe d’une idée préconçue: la constatation du progrès. Il l’avoue: il vit l’Homme, il vit le Mal, il vit l’Infini; le progressif, le relatif, l’absolu; et il en fit trois chants: la Légende des Siècles, la Fin de Satan, Dieu. Entendez bien ceci: il vit l’Homme, le progressif... Mais l’homme progresse-t-il tout entier? N’est-il pas en lui des Facultés et des Sens, des parties de l’âme, si j’ose dire, qui eurent dès la première heure toute la puissance du plein développement; des perfections innées et instinctives; des modes de faire qui atteignirent d’un bond les hauteurs que les races épurées n’ont pu et ne pourront dépasser? Certes, il en existe: tels l’Art et la Science du Rut et du Coït. Qui le nierait? Qu’avons-nous ajouté au passé? Rien!—Je suis comme Faust: j’ai travaillé beaucoup, beaucoup étudié, et je ne sais rien de plus que mes aïeux. Si reculée que puisse être l’apparition de l’Épicier sur le globe terrestre; qu’il remonte à Vespuce qui trouva l’Amérique ou à Hérodote qui courut l’Orient, croyez-vous que ce premier préposé aux denrées coloniales créa le simple mode qui aujourd’hui porte modestement son nom? Point... Pindare en parle, les bas-reliefs en vivent. Adam, s’il exista, en fit peut-être l’invention de la première heure, quand, affolé de désirs inconscients par la contemplation des splendeurs inconnues du corps féminin, il rugit, halluciné, fauve, et se jeta, face contre face, sur cette chair vivante et vibrante qui s’étalait et se déroulait devant lui, dans l’herbe épaisse. Las, il connut la Paresse, invention de la deuxième heure. Plus las, il gisait. Pour le subjuguer à sa tyrannique féminie, à sa luxure qui s’émeut lentement et commence à s’éveiller quand la nôtre s’endort, Éva eut l’invention de la troisième heure.—Qu’est-ce que ce nom moderne de «Gamin»?—Une usurpation du parisianisme sur la nature, un vol de nom, une contrefaçon de l’antique! Avant nous les Latins disaient equus hectoreus; les Grecs avaient dit: péribasiè. Prétendrez-vous qu’une civilisation altérée d’inconnu nous poussa à la dégradante imitation des bêtes? Erreur et présomption! La Levrette, cet aristocratique animal du faubourg Saint-Germain, ne nous a rien appris. Louis XVI connut avant nous les charmes qu’elle goûte: et naquit le Dauphin qui ne serait pas né.—Le siècle dernier nommait «le coup royal» ce qu’Ovide et Lucrèce scandaient more ferarum.