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La forêt, ou l'abbaye de Saint-Clair Traduit de l'anglais sur la seconde édition (Complete)

9781465621634
301 pages
Library of Alexandria
Overview
«Une fois que l’intérêt sordide s’empare d’une âme, il y glace toutes les sources des sentimens honnêtes et tendres. Non moins ennemi du goût que de la vertu, il pervertit l’un et anéantit l’autre. Mon ami, un jour viendra, peut-être, où l’avarice, disparaissant de la terre, laissera l’humanité reprendre ses premiers droits.» Ainsi parlait l’avocat Nemours à Pierre de La Motte en l’accompagnant, sur le minuit, à la voiture qui allait l’éloigner de Paris, et des poursuites de ses créanciers. La Motte le remercie de la dernière marque d’amitié qu’il lui donnait en favorisant son évasion. Il prononce un triste adieu..... La voiture part. L’obscurité de la nuit et la crise de sa situation le plongèrent dans une profonde rêverie. Ceux qui ont lu Guyot de Pitaval, le plus fidèle des compilateurs qui aient recueilli les causes portées au parlement de Paris durant le siècle dernier, ne manqueront pas de se rappeler la singulière histoire de Pierre de La Motte et du marquis Philippe de Montalte. Eh bien! l’individu que l’on met ici sous leurs yeux est ce même Pierre de La Motte. Appuyée sur la portière, madame La Motte jetait un dernier regard sur Paris..... Paris! le théâtre de son bonheur passé, et le séjour de ses nombreux amis! Le courage qui l’avait jusqu’alors soutenue, cède à la force de la douleur. «Adieu tout! s’écria-t-elle avec un soupir; encore ce dernier coup d’œil, et nous voilà séparés pour jamais!» Ses larmes coulent, et, se rejetant en arrière, elle se résigne au silence de la douleur. Le souvenir du passé pesait cruellement sur son âme. Quelques mois auparavant, riche, considérée, entourée d’amis empressés à lui plaire; aujourd’hui dépouillée de tout, misérablement, exilée du lieu de sa naissance, sans asile, sans secours...., et presque sans espoir! Ce n’était pas un de ses moindres chagrins, que d’être forcée de quitter Paris sans avoir vu son fils unique, alors employé à son régiment en Allemagne. Elle ignorait sa résidence; et l’eût-elle connue, elle n’aurait pas eu le temps de lui écrire, ni de l’informer du changement arrivé dans la fortune de son père. Pierre de La Motte était un gentilhomme issu d’une ancienne maison de France. La nature ne l’avait pas fait naître pour le crime; mais trop souvent ses passions triomphèrent de sa raison. Se conduisant plus par sentiment que par principes, incapable de résister aux séductions du vice, aux charmes de l’occasion, il fut souvent criminel; mais au milieu de ses plus grands désordres, il tenait encore à la vertu, du moins par ses remords.