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Mme de Staël et M. Necker d’après leur correspondance inédite

9781465584175
213 pages
Library of Alexandria
Overview
La petite cour de Weimar, au milieu des agitations de l’Allemagne encore féodale que l’esprit de la Révolution française commençait à soulever, constituait une sorte d’oasis pacifique et poétique où un despotisme paternel s’accordait avec l’amour des lettres. Le duché de Saxe-Weimar, grand comme un de nos moyens départemens français et ne comptant au commencement du XIXe siècle qu’une centaine de mille d’habitans, avait longtemps vécu sous la régence d’une femme, la duchesse Amélie, née princesse de Brunswick. Veuve à dix-neuf ans et mère d’un enfant de onze mois, elle avait, pendant dix-sept ans, administré sagement son petit Etat. Amie des lettres et des arts, elle avait donné Wieland comme précepteur à son fils, le duc Charles-Auguste et, l’éducation de celui-ci achevée, le précepteur était demeuré à la cour de son élève en qualité de conseiller ; mais l’élève, majeur depuis 1775, n’avait pas tardé à subir une autre influence, celle de Goethe qu’à l’âge de dix-sept ans il avait rencontré à Francfort et qu’il avait déterminé à s’établir à Weimar. Lorsque Mme de Staël arrivait dans cette petite principauté, il y avait déjà plus de vingt-cinq ans que Goethe y trônait en ministre tout-puissant, administrant depuis les finances jusqu’au théâtre. Souverain et ministre vivaient en bon accord et l’on comprend que dans ses entretiens avec Eckermann, Gœthe, reconnaissant, se soit exprimé en termes flatteurs sur le compte du prince auprès de qui s’était écoulée la plus grande partie de sa vie. Il parle « de sa nature sérieuse et richement douée qui était toujours avide de nouvelle connaissance. » Il le tient « pour un des plus grands princes que l’Allemagne ait possédés, » et il va jusqu’à le comparer à Napoléon, car Charles-Auguste aurait été soumis par momens, comme l’était Napoléon, à ce que Gœthe appelait le démoniaque, c’est-à-dire à une force mystérieuse qui agirait sur l’homme par instans et à son insu, en le rendant supérieur à lui-même.