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La Fleur d'or

9781465562777
213 pages
Library of Alexandria
Overview
La terre habitée par l’homme, l’homme au début ne l’a pas bien comprise. Il a contemplé les vastes mers, tantôt barrières, tantôt grands chemins ; il les a vues séparer ou réunir les nations répandues sur les plages des continents. D’abord ces vastes mers, il les a nommées stériles ; il s’est effrayé de leurs tempêtes, de ces montagnes d’eaux ruisselantes que les vents élèvent, fouettent et font écrouler dans une terrifiante agitation ; le plus grand des poètes, frappé d’une terreur sacrée, n’a-t-il pas raconté que rien de favorable pût sortir de cette farouche turbulence. Mais, après Homère d’autres lyres sont devenues mieux instruites ; sous la colère de Neptune, les caprices d’Amphitrite, les cruelles fantaisies des Néréides et les brusques transformations de Protée, elles ont chanté les opulences de l’Océan, ses cavernes de cristal incrustées de perles, le corail végétant autour de ses rochers, l’ambre flottant au milieu de ses glaces et, surtout, surtout, du sein de ses courants bleuâtres, de ses vagues transparentes, de son écume blanche, scintillante, épaisse, floconneuse, les sages ont vu s’élever l’apparition sans pareille de la triomphante Aphrodite. Plus tard, quand l’imagination se trouva trop flétrie, trop vieille pour continuer le culte de ces jeunes images, ce qu’on appelle la science a reconnu pourtant que de si éblouissants symboles manifestaient la vérité et, qu’en effet la mer salée, la mer saumâtre, la mer au liquide épais, chargé de substances multiples était le dépositaire des germes de la vie et, tout au contraire de mériter l’antique reproche de stérilité, dépassait grandement en activité féconde la surface verte de la planète.