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L'Art De La Mise en Sc�:Essai D'esth�que Th�rale

Essai D'esth�que Th�rale

9781465537591
pages
Library of Alexandria
Overview
Il n’existe pas d’ouvrage d’ensemble sur la mise en scène; c’est donc sans fausse modestie que j’ai donné le titre d’Essai à cette étude. Ceux qui, après moi, s’intéresseront à ce sujet et voudront le traiter de nouveau auront sans doute à combler quelques lacunes, à compléter ou à rectifier quelques-unes des théories exposées et peut-être à pousser plus loin et en différents sens leurs investigations. Au premier abord, le sujet paraît simple et très limité; mais plus on y réfléchit, plus il apparaît tel qu’il est en réalité, complexe et d’une étendue infinie. Pour beaucoup de personnes il se résume dans une question toute matérielle; et la mise en scène se réduit au plus ou moins de splendeur apportée à la représentation d’un ouvrage dramatique, au plus ou moins de richesse des costumes et à une plus ou moins nombreuse figuration. Ce ne sont là cependant que les dehors les plus apparents du sujet, car, en y regardant bien, la mise en scène se confond presque avec l’art dramatique, et c’est dans le cerveau même du poète qu’il faudrait en commencer l’étude. Toutefois, il y a là une ligne de partage assez nettement tracée: d’un côté, l’art dramatique, c’est-à-dire tout ce qui est l’oeuvre propre du poète; de l’autre, la mise en scène, c’est-à-dire ce qui est l’oeuvre commune de tous ceux qui, à un degré quelconque, concourent à la représentation. Sans doute ces deux arts se pénètrent réciproquement. Quand le poète se préoccupe de dispositions scéniques, qui ne se déduisent pas nécessairement des caractères et des passions, il fait de l’art théâtral; quand un comédien met en relief certains sentiments auxquels l’auteur n’avait pas tout d’abord accordé une importance suffisante, il fait de l’art dramatique. Cependant, comme il est nécessaire que tout sujet soit délimité, je maintiendrai la distinction au moins apparente qui sépare l’art dramatique de l’art théâtral. Cette étude commence donc au moment où le poète a terminé son oeuvre. Ainsi limitée, elle est encore fort complexe; elle comprend la recherche de l’effet général que doit produire la représentation et la détermination des effets particuliers des actes et des tableaux, dans lesquels se décomposent la pièce. Il faut donc arrêter le caractère pittoresque de la décoration, son plus ou moins de relief et de profondeur, etc. L’artiste chargé d’exécuter une décoration en trace d’abord une vue d’ensemble sur un plan vertical, qu’il suppose place dans l’encadrement de la scène à la place du rideau. Ensuite il exécute la maquette, c’est-à-dire une réduction du décor tel qu’il doit être disposé sur le plan géométral. Le public a pu voir dans plusieurs expositions quelques maquettes célèbres, conservées à la bibliothèque de l’Opéra. Pendant que les peintres préparent et brossent les décors, on monte la pièce. L’opération préliminaire, qui est la distribution des rôles, est peut-être la plus importante, car le succès définitif en dépend. Une fois les rôles distribués, chaque acteur apprend le sien. La conception et la composition d’un rôle imposent à l’acteur qui en est chargé un labeur considérable et un grand effort subjectif. Quand tous les rôles sont sus, on les assemble; alors commence le travail long et minutieux des répétitions, car on se propose d’arriver à une harmonie générale et à un ensemble, qui souvent, à défaut d’acteurs de premier ordre, suffisent à assurer le succès. Tel rôle doit être éteint, tel autre doit être au contraire plus accentué. En même temps, on étudie les mouvements scéniques; on détermine les places successives que les personnages doivent occuper les uns par rapport aux autres ou par rapport à la décoration; on règle les entrées et les sorties, ce qui exige parfois des remaniements dans le texte de la pièce. Puis vient la composition de la figuration, et son instruction orchestrique, s’il y a lieu. Pendant le temps des répétitions, on confectionne les costumes, dont les dessins exigent beaucoup de goût et demandent souvent de longues recherches. Bientôt, aux répétitions partielles succèdent les répétitions d’ensemble, où tous les accessoires jouent le rôle qui leur est assigné. La répétition générale a lieu en costume: c’est une première anticipée. Enfin arrive le jour de la première représentation, qui délivre tout le personnel du théâtre de l’anxiété finale et libère auteur, directeur et acteurs d’un labeur où commençaient à s’user les meilleures volontés