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Napol� Et Alexandre Ier:L'Alliance Russe Sous Le Premier Empire (Complete)

L'Alliance Russe Sous Le Premier Empire (Complete)

9781465533661
pages
Library of Alexandria
Overview
Pendant toute la durée de son règne, Napoléon poursuivit au dehors un but invariable: assurer par une paix sérieuse avec l’Angleterre la fixité de son œuvre, la grandeur française et le repos du monde. Pour atteindre ce but, le principal moyen de politique qu’il employa, à l’époque décisive de sa carrière, fut une alliance avec Alexandre Ier, empereur de Russie. Si l’accord essayé à Tilsit se fût consolidé et perpétué, il est probable que l’Angleterre eût succombé, que la France et l’Europe se fussent assises dans une forme nouvelle; la rupture avec la Russie ranima la coalition expirante, entraîna Napoléon à de mortelles entreprises et le perdit. Comment se forma l’alliance? quelles en furent les vicissitudes? comment vint-elle à s’altérer et à se dissoudre? pouvait-elle durer? Ces questions dominent l’histoire européenne de 1807 à 1812, entre Tilsit et Moscou: leur étude forme l’objet de notre ouvrage. L’alliance russe n’était pas une tradition de notre politique. Au dix-huitième siècle, certains monarques, certains hommes d’État en avaient eu le désir et comme le pressentiment; parfois l’entente avait paru s’opérer; mais, si la nature avait situé les deux États pour être alliés, la politique avait accumulé entre eux des intérêts discordants. Les contrées du Levant, objet des convoitises moscovites, étaient le marché privilégié de la France, et notre gouvernement se faisait un devoir d’en écarter tout compétiteur. L’introduction de la Russie sur la scène européenne dérangeait aussi le système politique du Nord et de l’Orient, tel que l’avait composé la prudence de nos rois et de nos ministres. Pour prendre à revers la maison d’Autriche, ils avaient cherché jadis des auxiliaires à Stockholm, à Varsovie, à Constantinople; la Russie, en poussant ses progrès aux dépens de la Suède, de la Pologne et de la Turquie, combattait nos alliés, et le cabinet de Versailles, sans les soutenir avec efficacité, ne sut point les sacrifier à une puissance qui eût pu nous en tenir lieu. De son côté, pour apprendre la politique, l’administration, la guerre, le gouvernement des Tsars s’était mis à l’école de l’Allemagne: subissant l’influence des instructeurs qu’il s’était choisis, il prenait son point d’appui tour à tour à Berlin et à Vienne; si la Russie policée se sentait portée vers nous par d’instinctives affinités, elle imitait nos mœurs, s’imprégnait de nos idées, aimait notre esprit sans rompre avec nos adversaires, et elle savait distinguer soigneusement ses sympathies de ses alliances. Après 1789, Catherine II se fit l’un des moteurs de la coalition: son but était moins d’étouffer le mouvement révolutionnaire que de détourner l’attention de la Prusse et de l’Autriche; en occupant contre nous les puissances germaniques, elle s’assurait la main libre en Pologne, en Orient, et se donnait le loisir d’y achever son œuvre. Moins politique et plus ardent, son fils Paul jeta la Russie au plus fort de la mêlée; elle en sortit fatiguée de ses alliés et pleine d’admiration pour l’adversaire. Paul Ier se réconcilia avec la République par goût pour Bonaparte, et ce fougueux rapprochement marque la première de ces unions personnelles où les chefs des deux peuples crurent se comprendre et s’aimer, sans que les gouvernements sussent nettement déterminer les rapports respectifs. Après la mort de Paul, Alexandre Ier recommença la guerre au nom des principes; fils d’empereur légitime et élève de La Harpe, il haïssait dans Napoléon à la fois l’usurpateur et le despote, et, combattant la Révolution disciplinée par un homme, pensait servir en même temps la cause des rois et celle de la liberté